Histoire

Qui a dit que l’histoire était ennuyeuse ?

Mais comment donc vivaient nos ancêtres ?

Jean-François Collin, président du Cercle d’Histoire d’Erezée, lève pour nous un coin du voile dans un billet plein de surprises.

La prochaine fois que vous vous laverez les mains et que vous trouverez la température de l’eau pas vraiment agréable, ayez une pensée émue pour nos ancêtres.

Voici quelques faits des années 1500 :

La plupart des gens se mariaient en juin, parce qu’ils prenaient leur bain annuel en mai, et se trouvaient donc encore dans un état de fraicheur raisonnable en juin.

Mais évidemment, à cette époque, on commençait déjà à puer légèrement, et c’est pourquoi la mariée tentait de masquer un tant soit peu son odeur corporelle en portant un bouquet. C’est à cette époque qu’est née la coutume du bouquet de la mariée.

Pour se baigner, on utilisait une grande cuve remplie d’eau très chaude. Le Maître de maison jouissait du privilège d’étrenner l’eau propre ; suivaient les fils et les autres hommes faisant partie de la domesticité, puis les femmes, et enfin les enfants. Les bébés fermaient la marche. À ce stade, l’eau était devenue si sale qu’il aurait été aisé d’y perdre quelqu’un… D’où l’expression « Jeter le bébé avec l’eau du bain » !

Bajuwarenhof_Kirchheim_Nebengebäude_2012-08-05En ces temps-là, les maisons avaient des toits en paille, sans charpente de bois.
C’était le seul endroit où les animaux pouvaient se tenir au chaud. C’est donc là que vivaient les chats et les petits animaux (souris et autres bestioles nuisibles), dans le toit. Lorsqu’il pleuvait, celui-ci devenait glissant, et il arrivait que les animaux glissent hors de la paille et tombent du toit. D’où l’expression anglaise
« It’s raining cats and dogs » (“Il pleut des chats et des chiens”).

Pour la même raison, aucun obstacle n’empêchait les objets ou les bestioles de tomber dans la maison. C’était un vrai problème dans les chambres à coucher, où les bestioles et déjections de toute sorte s’entendaient à gâter la literie. C’est pourquoi on finit par munir les lits de grands piliers afin de tendre par-dessus une toile qui offrait un semblant de protection. Ainsi est né l’usage du ciel de lit.

Carlb-ansemeadows-vinland-02À cette époque, on cuisinait dans un grand chaudron perpétuellement suspendu au-dessus du feu. Chaque jour, on allumait celui-ci, et l’on ajoutait des ingrédients au contenu du chaudron. On mangeait le plus souvent des légumes, et peu de viande. On mangeait ce pot-au-feu le soir et laissait les restes dans le chaudron. Celui-ci se refroidissait pendant la nuit, et le cycle recommençait le lendemain. De la sorte, certains ingrédients restaient un bon bout de temps dans le chaudron…

Les plus fortunés pouvaient s’offrir des assiettes en étain. Mais les aliments à haut taux d’acidité avaient pour effet de faire migrer des particules de plomb dans la nourriture, ce qui menait souvent à un empoisonnement par le plomb (saturnisme) et il n’était pas rare qu’on en meure. C’était surtout fréquent avec les tomates, ce qui explique que celles-ci aient été considérées pendant près de 400 ans comme toxiques.

Le pain était divisé selon le statut social. Les ouvriers en recevaient le fond carbonisé, la famille mangeait la mie, et les hôtes recevaient la croute supérieure, bien croquante.

Pour boire la bière ou le whisky, on utilisait des gobelets en plomb. Cette combinaison mettait fréquemment les buveurs dans le coma pour plusieurs jours ! Et quand un ivrogne était trouvé dans la rue, il n’était pas rare qu’on entreprenne de lui faire sa toilette funèbre. Il restait ainsi plusieurs jours sur la table de la cuisine, où la famille s’assemblait pour boire un coup en attendant que l’olibrius revienne à la conscience. D’où l’habitude de la veillée mortuaire.

La Grande-Bretagne est en fait petite, et à cette époque, la population ne trouvait plus de places pour enterrer ses morts. Du coup, on déterra des cercueils et on les vida de leurs ossements, qui furent stockés dans des bâtiments ad hoc, afin de pouvoir réutiliser les tombes. Mais lorsqu’on entreprit de rouvrir ces cercueils, on s’aperçut que 4 % d’entre eux portaient des traces de griffures dans le fond, ce qui signifiait qu’on avait enterré là quelqu’un de vivant.
Dès lors, on prit l’habitude d’enrouler une cordelette au poignet du défunt, reliée à une clochette à la surface du cimetière. Et l’on posta quelqu’un toute la nuit dans les cimetières avec mission de prêter l’oreille. C’est ainsi que naquit là l’expression « sauvé par la clochette ».
Qui a donc dit que l’histoire était ennuyeuse ?

Jean-François Collin

 

photos :

oeuvre personnelle |Date=16 octobre 2006 |Author=Julien CHÂTELAIN

LepoRello      (chaumière seule)

en:Image:Carlb-ansemeadows-vinland-02.jpg. ~~~~ ** The site of early Viking colonisation in L’Anse aux Meadows in the northwesternmost corner of the island of Newfoundland. This image has been released into the public domain

 

3 commentaires

  • Cereghetti Sophie

    cool les petites histoires comme ça !
    est ce que J-f Colin connait le chateau de Guedelon ? je l’ai visité cet été et waow ,quel projet !
    googelez -le et vous aurez une idée…

  • Cereghetti Sophie

    toutes mes excuses ,il faut 2 l à Collin !
    et,Jacques ,c ‘est juste fabuleux que ce site existe,
    donc merci à toi et tes aides,Bart et Martin.

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